Bois énergie et décarbonation font-ils bon ménage ?

Bois énergie et décarbonation font-ils bon ménage ?

Le principe de décarbonation via l’utilisation de la forêt est un processus simple :

1 : Le carbone présent dans l’atmosphère est stocké par les arbres ou même au sein des sols forestiers par le biais de la photosynthèse. Celle-ci s’opère via la transformation de l’énergie lumineuse en énergie chimique qui va permette à l’arbre de grandir à partir de l’eau et des matières organiques qu’elle va puiser dans le sol. Cette réaction, la photosynthèse, va stocker du carbone et dégager de l’oxygène.

2 : Le bois peut être exploité soit dans l’industrie pour produire du papier ou des panneaux, soit pour le bois énergie, soit pour le bois d’œuvre.

3 : Dans le cas du bois industrie et du bois-énergie, il va alors rejeter tout le carbone qui aura été stocké pendant la croissance de l’arbre. L’équation est alors simple : si la surface forestière augmente, il y a alors davantage de stockage de carbone due à la croissance forestière que de libération de carbone via l’exploitation du bois. Nous sommes alors dans un cycle vertueux.

  • Le bois-énergie permet, de plus, de se substituer aux énergies fossiles.
  • Le bois d’œuvre stocke le carbone dans le produit fini (maison, isolation, meuble…).

Augmentation de la surface forestière depuis 1850 :

La surface forestière a globalement doublé depuis 1850. Celle-ci était alors proche de 8,5 millions d’hectares pour avoisiner en 2022, 17,1 millions d’hectares. Cette augmentation de surface est due à différents facteurs :

– La déprise agricole qui se traduit par l’abandon de l’activité de culture ou d’élevage sur une surface donnée.

– La fin du pâturage en forêt. Aujourd’hui ils se réalise davantage en montagne.

– L’utilisation des énergies fossiles a permis à la forêt de croitre. Cependant la pollution due aux énergie fossiles a été bien supérieure à la diminution de la pollution via l’augmentation de la surface forestière.

– La gestion durable et raisonnée de la forêt par des stratégie et techniques de plantation et de gestion.

Le bois-énergie aujourd’hui en France

Pour bien envisager les perspectives du bois-énergie il faut savoir que la chaleur représente près de 46% de l’énergie en France dont 80% produits à partir d’énergie fossile. La capacité de développement du bois-énergie est encore grande.

Aujourd’hui, 7 millions de foyers se chauffent au bois en France avec un appareil de chauffage individuel et un peu moins d’un million se chauffent à partir de chaufferies bois collectives. L’objectif gouvernemental est d’augmenter à plus de 10 millions en 2028 le nombre de logements chauffés au bois sans pour autant augmenter la quantité de bois consommé. Cela est rendu possible grâce à l’isolation des logements ainsi que l’amélioration des systèmes de chauffage.

Le bois-énergie et l’économie locale

Le bois-énergie est une énergie entièrement locale à la différence du gaz, du fioul ou de l’électricité. Pour cette raison la variation du prix du combustible bois n’est quasiment pas déterminée par la variation des prix des autres énergies.

Une unité énergétique de fioul permet de produire 33 unités énergétiques de plaquettes forestières. Le ratio est encore meilleur pour le bois-bûche.  Ainsi, ces dernières années, le prix du bois-bûche et de la plaquette forestière ont connu des variations bien moins intenses que le prix des autres énergies.

La filière bois-énergie génère 3 à 4 fois plus d’emplois en France que les énergies fossiles. C’est d’ailleurs l’énergie renouvelable qui détient le plus d’emplois sur le territoire qui, de plus, sont non délocalisables.  

Par exemple, une chaufferie bois de 2,5 à 3 MW dessert environ l’équivalent de 1 500 logements. Cela nécessite 4 000 tonnes de bois par an tout en économisant 12 000 MWh d’énergie fossile. Qui va injecter entre 200 et 250 000 euros par an dans l’économie locale tout en créant jusqu’à 4 emplois.

La forêt et le bois-énergie face au changement climatique

L’accroissement biologique était proche de 89 millions de m3/an en 2011 pour diminuer jusqu’à environ 83 millions de m3/an en 2018. Celle-ci a opéré une chute de prêt de 7% principalement due à la sécheresse et aux scolytes. Cette maladie est représentée par des petits insectes grands de quelques millimètres qui vont s’engouffrer dans le tronc d’un arbre pour le dévorer de l’intérieur. Cette maladie attaque principalement les épicéas. 

Cette baisse de l’accroissement biologique est en partie due à l’augmentation de la mortalité naturelle, proche de 7 millions de m3/an en 2004 pour passer à une valeur proche de 11 millions de m3/an en 2019.

Malgré le réchauffement climatique, la crise des scolytes, la baisse de l’accroissement biologique et l’augmentation de la mortalité naturelle, il est important de de voir ici, que cette mortalité naturelle touche seulement 0.4% du volume forestier.

Le capital sur pied en forêt avoisine les 2,8 Milliards de m3. En 2021, il est récolté environ 49 millions de m3 de bois soit environ 60% de l’accroissement naturelle. On estime qu’en France, on pourrait prélever d’ici 2035 jusqu’à 19,8 Millions de m3 sans mettre en danger la préservation de la forêt.

Il est à souligner malgré tout que le réchauffement climatique impacte le paysage forestier. Les essences d’arbres qui poussaient facilement jusqu’alors dans les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie) vont petit à petit migrer vers la France. Pour faire face au réchauffement climatique, il sera utile de mettre en place une stratégie de préservation de la forêt en plantant principalement les essences d’arbres qui seront les plus résilientes au dérèglement climatique. 

Sources

– Majorité des statistiques prises sur l’IGN : Institut national de l’information géographique et forestière

https://www.ign.fr/espace-presse/resultats-2022-de-linventaire-forestier-national-une-foret-francaise-confrontee-aux-dereglements

– FIBOIS : Fédération interprofessionnelle du bois-énergie

– https://cibe.fr/le-bois-energie/atouts

– Manuel Questions – réponses, bois-énergie par le syndicat des énergies renouvelables et France Bois Forêt

– Journée nationale annuelle du bois-énergie, réalisée par le CIBE en Juin 2023

Partager

Newsletter

Hello world.

This is a sample box, with some sample content in it.