Le Parc naturel Régional du Morvan (PNRM), l’Agence Locale de l’Energie et du Climat (ALEC) ainsi que le syndicat intercommunal d’Énergies, d’Équipements et d’Environnement de la Nièvre (SIEEEN), organisaient le 22 mars dernier un colloque bois-énergie à Saint-Saulge, au cœur de la Nièvre. Cette journée s’est déroulée en partenariat avec l’ADEME et la région.
Plus de 70 personnes, principalement des élus, mais aussi professionnels du secteur et institutionnels travaillant sur les énergies renouvelables ont participé à cette journée dédiée au bois énergie.
Après le mot d’accueil, du maire du village, Monsieur Christian GENTIL, le Président du SIEEEN et de l’ALEC, Guy HOURCABIE, a commencé par mettre en avant les difficultés économiques liées à l’actuelle augmentation du prix des énergies fossiles. Le bois-énergie est donc une solution adaptée à notre département en raison de son importante surface boisée a-t-il pu expliquer. Il a tout de même rappelé que l’isolation des logements reste une nécessité fondamentale et doit même s’analyser de manière préalable à la question énergétique. Énergies renouvelables, indépendance énergétique, prix de l’énergie et confort ont pu être les maîtres mots de cette partie introductive. L’analyse d’opportunité en a constitué quant à elle l’outil essentiel.
Pour appuyer l’importance de l’implication des politiques territoriales, Claire MALLARD, conseillère régionale de Bourgogne Franche-Comté a montré et expliqué l’importance accordée au développement des énergies renouvelables aussi bien au niveau du financement qu’au niveau de l’accompagnement des maîtres d’ouvrage. Elle a ainsi pu rappeler l’importance de développer des Territoires à Energie Positive et même à long terme des Régions à Energie Positive.
Comme l’exploitation et l’utilisation de nos ressources s’ancrent obligatoirement dans un contexte environnemental, l’ADEME a poursuivi le colloque en montrant la complémentarité des démarches de réduction des consommations et du développement des énergies renouvelables pour ralentir le dérèglement climatique. La production de chaleur, étant le premier usage énergétique, le bois-énergie apparaît comme essentiel pour substituer les énergies fossiles. Le contexte juridique à travers la loi sur la transition énergétique par la croissance verte demande à porter à 38% en 2030 la chaleur produite à partir d’énergies renouvelables Cette production de chaleur était de 23% en 2020. Pour cela, il faut être capable de multiplier par 2,5 le parc actuel des chaufferies bois collectives et industrielles. Les communes et collectivités en tant que maître d’ouvrage de leur patrimoine ont donc cette capacité de développer le bois-énergie au sein de leur bâtiment pour permettre d’atteindre les objectifs nationaux. A ce titre elles peuvent être accompagnées par les chargés de mission en énergies renouvelables se trouvant à l’Agence Locale de l’Energie de la Nièvre et au Parc Naturel Régional du Morvan. Le syndicat d’énergie de la Nièvre, avec sa régie de chaleur reste un acteur fondamental capable lui-même d’opérer les investissements initiaux nécessaires qui risquent souvent d’être trop importants pour les communes.
L’utilisation du bois-énergie comme facteur de diminution des gaz à effet de serre et d’indépendance énergétique doit être analysé en adéquation avec une gestion durable de nos forêts. C’est dans cette optique que l’association FIBOIS de Bourgogne-Franche-Comté a montré le cycle de vie du bois depuis son exploitation en milieu forestier jusqu’à sa fin de vie. L’accent a alors été mis sur la capacité du bois d’œuvre qui une fois utilisé comme matériaux de construction peut stocker du carbone sur un très long terme. Une focalisation a ensuite été faite sur le combustible en montrant l’implantation géographique des hangars de stockage et des chaufferies bois collectives. Il a été pertinent et important de montrer que le combustible bois sous forme de plaquette forestière parcourt une distance en moyenne inférieure à 50km avant d’alimenter les réseaux de chaleur. Cela montre que la plaquette forestière est vraiment un combustible de proximité venant alimenter l’économie locale. Ces chaufferies bois viennent de plus conforter des emplois locaux et non délocalisables. Pour répondre à certaines interrogations face à la durabilité de nos forêts, il a été rappelé que la surface forestière reste en constante augmentation. Celle-ci a pratiquement doublé depuis 1840 passant de 8.9 hectares à 17 hectares.
Après avoir mis en avant différents acteurs de la transition énergétique pour avoir une vision globale de la transition énergétique, ce sont des cas pratiques qui ont été mis au-devant de la scène. Cédric TURE de l’association PRO-ETF Bourgogne-Franche-Comté a alors expliqué les différentes activités réalisées par son association : étude d’accessibilité d’accès aux silos, analyse de combustible, recherche d’adéquation combustible-chaufferie, mise en relation avec des producteurs, etc. Il a pu montrer que l’analyse de combustible n’est pas problématique dans la Nièvre.
Pour avoir une vision concrète de ce que l’exploitation des forêts représente, M Olivier de Maigret a montré les machines et les méthodes utilisées depuis la coupes des arbres en forêts jusqu’à la réalisation du combustible et sa livraison au silo.
Pour finaliser la matinée des témoignages de réalisation de réseaux de chaleur ont pu être mis en avant de la scène. Le maire de Varzy, M Gilles NOEL a fait une emphase sur le réseau de chaleur de sa commune qui vient chauffer le gymnase, la gendarmerie et la maison de services. Ce réseau de chaleur a été réalisé en transfert de compétence avec le Syndicat d’Énergie de la Nièvre. C’est-à-dire que la commune a pu se libérer de l’investissement nécessaire car c’est le syndicat qui a investi en devenant propriétaire du réseau de chaleur. Ce mécanisme est très souvent utilisé dans la Nièvre, car il permet aux décideurs locaux de ne pas avoir à réaliser l’investissement initial qui parfois peut être très important. Cela permet aussi à la commune de déléguer le développement du réseau une grande partie de sa gestion ce qui parfois d’un point de vue administratif peut être assez exigent. La commune de la Fermeté quant à elle n’a pas eu besoin de passer par le syndicat d’énergie pour construire son propre réseau de chaleur. Elle a pu développer le réseau en autogestion par le biais d’une régie communale. Thomas Guéret, chef du service d’accompagnement des territoires a alors mis en avant la persévérance et la perspicacité de cette commune.
Les chargés de mission en énergies renouvelables qui sont Théo PABOEUF et Emma PERRUSSEL du Parc Naturel Régional du Morvan et Igor GIRALDO de l’Agence Locale de l’Energie et du Climat ont alors expliqué le rôle moteur qu’ils peuvent avoir pour démarrer et accompagner le développement des différents réseaux de chaleur. Sylvain MATHIEU a clôturé la matinée en rappelant que l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas et qu’avant de passer au bois énergie, il est alors important de s’occuper de l’isolation des bâtiments. Il a aussi rappelé l’impérieuse nécessité de remplacer les énergies fossiles à fort impact carbone par des énergies renouvelables, non seulement parce que cela est meilleur pour l’environnement mais aussi parce que les énergies carbones existent en quantités limités et qu’elles sont sources de tensions géopolitiques. Ainsi, les énergies renouvelables permettent une meilleure indépendance énergétique et politique.
Après un bon repas, préparé par le traiteur local de Corbigny, M De Souza, qui met en avant les circuits courts, les participants au colloque ont pu accéder à des visites de réseaux de chaleur. La visite de la chaufferie de la commune de Saint-Saulge a été organisée par M Frédéric Sacquet, qui est directeur de la régie SIEEEN Chaleur. La visite du réseau de chaleur de l’EHPAD Le Clos a quant à elle été organisée par Emma Perrussel, chargée de mission au Parc Naturel Régional du Morvan. Les participants au colloque ont alors pu voir en temps réel l’utilisation du bois-énergie. Pour couronner la journée, celle-ci s’est finit par la visite de la plateforme de production de plaquette bocagère à La Colancelle avec une démonstration de criblage, opération qui vise à dégrossir le combustible plaquette bois en le filtrant pour que celui-ci soit davantage en adéquation avec les besoins des chaudières.
Les participants, élus, organisateurs et acteurs de la transition énergétique ont dans l’ensemble été très satisfait du colloque bois-énergie.
Pour tout renseignement :
Théo Paboeuf / Emma Perrussel Chargé(e) de mission Energie au PNRM Tel : 0386787930 Theo.paboeuf@parcdumorvan.org emma.perrussel@parcdumorvan.org |